Le mot metanoïa pourrait se traduire par un changement de point de vue si on se penche sur l’étymologie de ce mot grec. Mais la metanoïa va plus loin qu’un simple changement de mode de pensée (même si elle en est une composante), elle induit une transformation profonde. La metanoïa est un principe que l’on retrouve en philosophie, en psychologie mais aussi en théologie. Carl Gustav Jung évoquait une forme de guérison intérieure. La spiritualité chrétienne va parler de repentance et de conversion. Nombreux sont les appels à la metanoïa dans la Bible. Mais pourquoi et comment ? Quel est ce mouvement intérieur qui peut radicalement changer notre vision de la vie, et notre vie elle-même ?
Le terme "metanoïa" (μετάνοια) est composé du préfixe grec meta, qui peut se traduire par au-delà et désigne un changement, et du verbe neo (qui provient de noos : l’esprit) que l’on peut traduire comme penser, concevoir. Littéralement, la metanoïa pourrait se traduire par "changement d'esprit" ou "changement de pensée".
Dans le Nouveau Testament où ce mot apparaît à de nombreuses reprises, il est parfois traduit par “repentance”, parfois par “conversion” (Retrouvez les versets et passages de la Bible qui parlent de metanoïa).
Dans la metanoïa, il y a une idée de changement radical, une forme d’abandon et d’ouverture à plus grand que soi ; c’est accepter d’aller au-delà d’une pensée purement rationnelle. C’est un tournant spirituel, un retour à Dieu.
La metanoïa est un concept central dans le Nouveau Testament. Plusieurs mots ont pu être utilisés dans les différentes traductions de la Bible notamment : repentance, pénitence, conversion.
Tous évoquent ce retournement intérieur, ce choix profond et radical de Dieu.
La repentance nous fait voir en vérité et nous pousse à nous détourner de ce qui est mal. C’est un premier mouvement. Mais la metanoïa induit de continuer le mouvement et de se tourner entièrement vers le Bien, vers Dieu. Ce changement de point de vue implique une transformation dans notre manière de penser, de désirer, d’agir, d’aimer, de vivre.
Ainsi dans l’évangile de Matthieu, au chapitre 3, Jean Baptiste invite à la conversion. Le verset 2 est d’ailleurs traduit différemment selon les traductions :
"Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche."
« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
« Changez d’attitude, car le royaume des cieux est proche. »
“Changez, car le règne des cieux est proche.”
Nous voyons qu’il s’agit bien là d’un appel à changer de vie.
Ce retournement intérieur, ce changement profond a un but : revenir à Dieu, qui est là, qui nous attend.
C’est pourquoi même si le chemin de conversion peut être parfois difficile, c’est bien une joie et une paix profonde que la metanoïa promet. Une joie partagée par Dieu lui-même.
“Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion." (Luc 15, 7)
Le changement d’esprit entraîne une nouvelle existence et tout notre être en est transformé comme le souligne l’apôtre Paul dans sa seconde lettre aux Corinthiens : "Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né." (2 Corinthiens 5, 17)
Voici de quelle manière ce changement peut s’incarner dans la vie d’une personne qui a vécu une métanoïa :
Cette conversion est d’abord une grâce de Dieu. Il n’y a donc pas de recette miracle ou de parcours prédéfini. Chacun peut faire l’expérience d’une metanoïa, quel que soit son cheminement, son état de vie, ses croyances.
Certaines peuvent être fulgurantes comme celle de l’apôtre Paul sur le chemin de Damas, mais nous pouvons aussi en vivre de petites, au quotidien.
Pour les accueillir dans notre vie, il est bon de se rappeler combien Dieu nous aime. Accueillir (même si nous avons du mal à le comprendre ou à l’envisager) le fait que Dieu nous aime tel que nous sommes, d’un amour infini et qu’il ne désire que notre bien permet de rester ouvert et de s’abandonner dans la confiance à ce chemin de conversion.
La première étape est une étape de contrition, de regret de nos péchés (pas dans le sens de “fautes” mais dans le sens de ce qui nous éloigne de Dieu, même si nous n’en étions pas forcément conscients). Nous commençons par comprendre le décalage entre ce que nous vivons et ce que Dieu nous propose. Cette prise de conscience est souvent douloureuse mais nécessaire. C’est pourquoi il est difficile d’envisager une metanoïa sans passage par une certaine souffrance. Non qu’elle soit recherchée en soi mais parce qu’elle découle de ce manque que nous acceptons de ressentir, de nos yeux qui s’ouvrent sur les faiblesses et les blessures que nous préférions jusque-là ne pas voir.
“Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous.” (1 Jean 1, 8)
Ainsi, les épreuves de la vie sont parfois l’occasion d’une metanoïa car en nous rendant vulnérables, elles peuvent nous pousser à s’ouvrir à plus grand que soi.
Reconnaître nos manquements, bien que cela puisse être difficile et déstabilisant, ne doit pas être vécu dans la culpabilité qui est un frein au cheminement mais avec un regret sincère, en comprenant combien certains de nos choix, de nos comportements ont pu nous éloigner de Dieu.
Se repentir passe alors par demander pardon à Dieu. Cela peut se faire par la prière, en s'adressant à Dieu avec humilité ou, pour les catholiques, à travers le sacrement de réconciliation. "Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice." (1 Jean 1, 9)
Nous pouvons alors engager de véritables changements dans nos vies.
Une fois qu’il y a eu une prise de conscience de ce décalage entre ce que nous vivons et le projet immense que Dieu à pour nous, nous pouvons alors accueillir pleinement sa grâce. Nous n’avons plus peur de nous montrer petits et faibles et de demander l’aide de Dieu.
Certes, à nous de modifier certains de nos comportements, de mettre en place d’autres habitudes. Mais nous ne sommes pas seuls pour mettre en place ces changements. Commençons pas à pas, avec patience et confiance ; et osons demander tout ce qui nous semble hors de portée.
Après avoir compris qu’avec nos seules forces, nous n’arrivons pas à faire sa volonté et que pourtant elle est désirable pour nous, nous pouvons alors laisser Dieu véritablement agir dans nos vies. En commençant par lui demander tout ce dont nous avons besoin pour cela. “Voici l’assurance que nous avons auprès de Dieu : si nous faisons une demande selon sa volonté, il nous écoute.” (1 Jean 5, 14)
Nous sommes tous invités à vivre de petites conversions intérieures tout au long de notre vie. Les différentes traditions de méditation chrétienne nous permettent de mieux nous mettre à l’écoute de cet appel personnel de Dieu dans nos vies.
Tout simplement, s’extraire de temps en temps du monde, des sollicitations, pour se poser, faire silence et entrer en soi. Prendre régulièrement du temps pour sa vie spirituelle - à travers la méditation ou l’oraison silencieuse - prépare un terreau fertile à la metanoïa.
Pour qu’un événement puisse arriver, il faut déjà lui en laisser la place.
“Assieds toi, fais silence et apaise tes pensées” conseillait Abba Arsène, un des pères du désert, ces thérapeutes de l’âme et experts en méditation des premiers siècles du christianisme.
Si cela peut sembler compliqué, pratiquer quelques exercices de réceptivité et d’ancrage peut être une bonne préparation à une séance de méditation ou de prière.
Quand on est le nez dans le guidon, on n’arrive pas toujours à trouver le sens de ce que nous vivons. L’exercice de relire les événements passés, avec du recul, permet de mettre en lumière certaines choses. Parfois nous ressentons le besoin d’une profonde introspection mais il est aussi sain de prendre régulièrement de petits temps de relecture. Par exemple, quelques minutes chaque soir avant de se coucher.
Se rappeler aussi chaque jour des bienfaits de Dieu dans notre vie nous aide à mieux discerner son désir pour nous. Tenir un journal de gratitude peut nous y aider.
Dieu peut nous parler à travers les circonstances, à travers nos rencontres mais aussi à travers la lecture et la méditation de sa Parole. Consacrer un peu de temps régulièrement à lire la Bible et à la méditer est une bonne façon de mieux comprendre ce que Dieu attend de nous. Car sa Parole est vivante et elle s’adresse à chacun de nous, ici et maintenant.
La prière est bien sûr très importante pour amorcer et vivre une profonde conversion, que l’on peut déjà demander dans nos prières. "Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, lui qui donne à tous sans réserve et sans faire de reproches : elle lui sera donnée." (Jacques 1:5).
La prière ouvre le cœur et fait de l’espace pour accueillir les grâces de Dieu.
L’application Meditatio propose de nombreux programmes audios pour faire découvrir et approfondir la méditation chrétienne. Que cela soit pour apprendre à se poser - à travers des exercices Vittoz - , pour engager une réflexion intérieure sur soi, pour méditer la Parole de Dieu ou découvrir de nouvelles façons de prier, chacun peut y trouver une aide et un accompagnement pour se renouveler intérieurement !