L’introduction à la vie dévote est une œuvre magistrale de saint François de Sales publiée en 1609. Conçue comme un guide pratique pour les laïcs désireux de vivre une vie pieuse tout en demeurant dans le monde, Saint François de Sales, s'adresse principalement à Philothée, un personnage fictif incarnant l'âme aspirant à la dévotion. Structuré en cinq parties, l’auteur évoque tour à tour l’éveil de l’âme, des conseils pour les sacrements, la pratique des vertus, des conseils pour faire face aux tentations et des directives pour renouveler la ferveur et la dévotion. Tout au long de l’ouvrage, sont distillés des méditations sur de nombreux sujets, tels que la création et la finalité de l’homme, les bienfaits de Dieu, la mort, le péché, le jugement dernier, l’enfer, le paradis, ainsi que de nombreux conseils pour pratiquer la méditation et l'oraison.
Tout d’abord, saint François de Sales insiste sur la préparation intérieure. Avant de méditer, il recommande de se recueillir, de se mettre en présence de Dieu et de demander l'assistance du Saint-Esprit pour éclairer l'esprit et toucher le cœur. Il propose aussi de choisir un moment propice, de préférence le matin, et un lieu calme pour éviter les distractions.
Il détaille ensuite les étapes de la méditation, en commençant par une lecture attentive d'un passage des Écritures ou d'un texte spirituel, afin de nourrir l'esprit. Il encourage à méditer en suivant une structure en trois parties : la considération, l'affection et la résolution.
La considération implique une réflexion profonde et personnelle sur le sujet choisi. Il est conseillé de prendre le temps de contempler chaque aspect, de laisser les pensées se développer et d'approfondir les vérités spirituelles.
Vient ensuite l'affection, où on laisse les considérations éveiller des sentiments et des désirs dans le cœur. Il s'agit de laisser ces émotions nous guider vers une réponse intérieure, telle que l'amour de Dieu, le regret des péchés, ou le désir de suivre le Christ plus fidèlement.
Enfin, la résolution est l'étape où l'on prend des décisions concrètes pour mettre en pratique les inspirations reçues durant la méditation. Saint François de Sales insiste sur l'importance de ces résolutions pour transformer les pensées et les sentiments en actions concrètes dans la vie quotidienne. Il encourage également à conclure chaque méditation par une prière de remerciement, en demandant à Dieu la grâce de mettre en pratique les résolutions prises, et en renouvelant la confiance en Sa miséricorde et Son amour.
Mais l’auteur est compatissant : “Si vous ne trouvez pas de goût à la méditation, et que vous n’en sentiez pas votre âme consolée, ne vous troublez pas, Philothée, je vous en conjure, et lâchez de vous bien servir des observations suivantes. Faites quelques-unes de ces prières vocales, qui sont les plus douces à votre cour ; plaignez-vous amoureusement à Jésus-Christ : appelez-le à votre secours : baisez respectueusement son image, si vous l’avez ; confessez votre indignité ; dites lui comme Jacob : Quoiqu’il en soit, Seigneur, je ne vous quitterai point que vous ne m’ayez donné votre bénédiction”
Il s’agit de considérer que Dieu nous a tiré du néant “sans que vous lui fussiez nécessaire, et par la seule raison de sa bonté”. De se rappeler que nous avons été “créés capables de s’unir parfaitement à la divine majesté”. De rendre grâce pour Sa bonté de nous avoir créé. De se confondre pour les passions qui “ont révolté notre coeur contre Vous” et pour l’âme qui se livre au péché. Enfin, il est enjoint, en guise de résolution de s’humilier et se mépriser et de prendre l'engagement de suivre “ce mouvement d’inclination que mon créateur m’a donné pour Lui”, d’honorer la créature de Dieu en nous et de s’offrir à Lui.
Pour conclure, une courte prière : “O mon Dieu ! je vous supplie de me soutenir par la force de votre esprit dans ces résolutions et ces affections. Sainte Vierge, je vous prie de les recommander à votre adorable Fils, avec toutes les personnes pour qui je dois prier, etc. Pater, Ave.”
La finalité de l’homme consiste à servir Dieu. Toutes les qualités dont Dieu a doté l’homme ont une fin bien précise : “l’entendement pour le connaître et pour l’adorer, la mémoire pour vous souvenir de lui, la volonté pour l’aimer, l’imagination pour vous représenter ses bienfaits, les yeux pour vous faire admirer ses œuvres, la langue pour le louer, et ainsi des autres puissances et facultés.” L’auteur conseille de détester sa vie passée, qui consistait à oublier Dieu, se remplir de la vanité du monde, de réflexions inutiles, de vains attachements, de complaisances misérables ou de fausses générosités. Il enjoint dans sa résolution à s’engager à éviter tout ceci à l’avenir, à rendre grâce pour cette finalité de l’homme, à s’offrir à Dieu et à prier.
Il s’agit de considérer les avantages reçus du créateur, un corps en bonne santé, des amis de douce compagnie, et de ne pas oublier que certains n’ont pas cette chance et reçoivent “un corps difforme, une mauvaise santé”, sont “abandonnés de leurs parents et de leur amis”, n’ont pas reçu ce qu’il appelle les avantages de l’Esprit, mais au contraire sont “insensés, furieux, emportés, élevés grossièrement, et dans une extrême ignorance”. Au contraire, il s’agit de se souvenir que Dieu a veillé sur nous depuis notre tendre enfance, nous a permis de bénéficier des sacrements, d’avoir la conscience d’une vie déréglée, nous a pardonné nos péchés. Dans la résolution, François de Sales demande d’admirer la bonté de Dieu, de se repentir de son ingratitude et de “s’exciter dans la reconnaissance”.
Il s’agit de retracer en soi la mémoire des péchés passés, de considérer ses mauvaises inclinations, de ne pas oublier le manque d’attention envers Dieu qui est “un péché universel qui se répand sur les autres”, et de se rappeler éternellement l’ingratitude envers la bonté de Dieu. Il s’agit dans la résolution de se confondre devant Dieu pour son état intérieur de corruption et d’ingratitude, demander pardon, proposer de mieux vivre.
L’auteur rappelle le caractère inévitable de la mort et la nécessité de se le rappeler, c’est pourquoi toutes les offenses que nous avons pu faire à Dieu paraîtront bien futiles au seuil de la mort, alors que la dévotion, la pénitence et les bonnes oeuvres paraîtront grandes, douces et aimables, bien que largement insuffisantes. Il faut se représenter son corps au seuil de la mort : desséché et corrompu et s’interroger sur la voie que suivra son âme après la mort. En conclusion, demander la protection de Dieu au jour de notre mort, et mépriser le monde.
L’auteur figure que le jugement dernier sera l’occasion de voir certains corps revêtus de gloire et de lumière, alors que d’autres seront “à eux-mêmes un objet d’horreur”. L’on verra aussi le Christ accompagné de ses anges et de ses saints, devant “la croix plus éclatante que le soleil”. Les hommes se partageront alors en deux parties, les uns à la droite, les autres à la gauche de Dieu, dans une séparation éternelle. Il s’agit là encore de détester ses péchés, et de remercier Dieu de nous avoir “donné le temps et les moyens de prendre ses sûretés par l’usage de la pénitence”.
Le saint demande de considérer l’enfer comme une “ville couverte de ténèbres, ardent d’un feu de poix et exhalant une horrible vapeur, pleine de désespérés qui ne peuvent ni sortir ni mourir”. Il s’agit de se représenter les souffrances et les regards criminels des désespérés, les démons en “mille formes hideuses”, les lamentations, les désespoirs. Outre tout cela, il ne faut pas oublier la privation de Dieu et le fait que ces désespérés ne le verront jamais, et que cela sera pour l’éternité. En guise de résolution, l’auteur propose d’ancrer la frayeur de ce lieu dans son âme et de s’engager à refuser le péché.
L’auteur propose de se représenter une “nuit sereine et tranquille”, pleine d’étoiles, où la lune et le soleil cohabitent car on y ajoute une “charmante beauté d’un agréable jour”. Il ajoute que cela n’est rien en comparaison de la beauté et de la gloire du paradis. Il faut aussi considérer la noblesse de tous ses habitants : anges, chérubins et séraphins, apôtres et martyrs, saints et saintes. Ils jouissent d’une “constante allégresse” et “chantent perpétuellement le doux cantique de l’amour éternel”, sans oublier la béatitude dans laquelle ils demeurent, dans leur bonheur de voir Dieu. Comme résolution, l’auteur propose de s’abandonner à la vision et l’admiration de cette céleste patrie, de “reprocher à son coeur la lâcheté qui l’a détourné des voies du ciel”, de “ranimer son espérance et d’aspirer de toutes ses forces à ce séjour si délicieux”.
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