Qu’est ce que la prière silencieuse ? Comment prier silencieusement ? Nous associons souvent l’action de prier à la récitation de prières vocales, comme pour le chapelet ou les prières liturgiques, ou même au chant, notamment dans les pratiques de louanges, mais la prière peut aussi revêtir une forme plus intérieure. La prière silencieuse a toujours existé dans le christianisme. Il existe différentes façons de prier en silence : il peut s’agir de “prier dans sa tête” ou d’une oraison plus proche de la méditation avec une forme de recueillement qui se passe de mots. La prière intérieure, c’est aussi faire taire le brouhaha des pensées et faire silence pour nous permettre d’être simplement là avec Dieu, et à son écoute.
La prière silencieuse n’a pas pour vocation de remplacer la prière vocale. Il est bon - seul ou en communauté - de reprendre les mots de la Bible, ceux enseignés par Jésus lui-même (comme le Notre Père), ou transmis par l'Église pour prier le Seigneur. Et même de lui parler avec nos propres mots. La prière silencieuse vient compléter et offrir une autre façon de prier, plus intime, plus personnelle.
1- Parce que depuis toujours, et dans toutes les traditions spirituelles, prière et silence ont été associées et la vertu du silence valorisée.
2 - Parce que si nous voulons nous approcher de plus en plus de l'exhortation de Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens - “priez sans relâche” (1 Thessaloniciens 5, 17) - il nous faut bien trouver une façon de prier qui s’adapte à toutes les circonstances.
3 - Parce que le silence est le lieu de rencontre privilégié avec Dieu qui demeure en nous. « Ce qui importe avant tout, c'est d'entrer en nous-mêmes pour y rester seul à seul avec Dieu » (sainte Thérèse d’Avila)
5 - Parce que dans le silence se jouent de grandes choses comme nous le rappelle Mère Teresa : “Dieu est l’ami du silence. Les arbres, les fleurs et l’herbe poussent en silence. Regarde les étoiles, la lune et le soleil, comment ils se meuvent silencieusement.”
La Bible évoque beaucoup l’importance du silence, préambule de l’écoute qui rend possible l’accueil de la Parole. “Ecoute Israël” , ainsi commence les commandements de Dieu dans le Deutéronome, au chapitre 6. Ces deux mots restent la prière la plus importante du judaïsme “Chemaʿ Yisrā'ël “
Même si ce n’est pas forcément directement lié à la prière, le livre des Proverbes dans l’Ancien Testament regorge de conseils de sagesse sur le silence et le bon usage de la parole. Comme par exemple : “ Qui surveille ses lèvres garde son âme, qui ouvre trop le bec court au désastre.” (Proverbes 13, 3) et cette attention portée aux mots doit être la même quand on s’adresse à Dieu comme le dit ce verset de l’Ecclésiaste : “ Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, que ton cœur ne se hâte pas de parler à Dieu, car Dieu est au ciel, et toi, sur la terre. Donc, que tes paroles soient rares.” (Ecclésiaste 5,1)
Jésus lui-même, dont les Évangiles nous disent qu’il se retirait pour prier, nous invite à une prière intérieure :
“Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé.” (Matthieu 6, 5-8)
(Découvrez d’autres proverbes de la Bible sur la parole et d'autres versets sur le silence)
Depuis le début du christianisme, la prière méditative est présente. La méditation chrétienne peut revêtir différentes formes mais elle a toujours pour objet Dieu et pour moteur, le désir de se rendre présent à lui.
Certaines formes seront totalement silencieuses et se passent de paroles :
- comme la contemplation,
- l’adoration
- ou l’oraison de recueillement.
D’autres formes, comme la prière du cœur, bien que reprenant de courtes invocations, invitent à faire taire nos pensées et à un silence intérieur grâce à la répétition. Car faire silence c’est aussi et avant tout calmer nos agitations intérieures pour permettre une véritable rencontre.
« Prier ne consiste pas à beaucoup penser mais à beaucoup aimer » (sainte Thérèse d’Avila)
Même si la prière silencieuse s’avère être un besoin spirituel important et un état bienfaisant pour l’Homme, dans nos sociétés actuelles où le bruit règne en maître, et dans lesquelles les nombreuses sollicitations extérieures nourrissent sans arrêt le flux de nos pensées, cela peut sembler difficile. Pourtant, avec quelques conseils et un peu de pratique, chacun peut y arriver.
“L'oraison est silence, ce «symbole du monde qui vient» (S. Isaac de Ninive, tract. myst. 66) ou «silencieux amour» (S. Jean de la Croix). Les paroles dans l'oraison ne sont pas des discours mais des brindilles qui alimentent le feu de l'amour. C'est dans ce silence, insupportable à l'homme « extérieur », que le Père nous dit son Verbe incarné, souffrant, mort et ressuscité, et que l'Esprit filial nous fait participer à la prière de Jésus.” (Catéchisme de l’Eglise catholique §2717)
Faire taire le bruit des pensées est une difficulté qui a traversé les temps. Les Pères du Désert, experts de la méditation chrétienne du du IVème au VIIIème siècles, nous ont transmis des outils très efficaces pour bien se disposer intérieurement, notamment la pratique de la garde du coeur (permettant de ne pas se laisser disperser par des pensées parasites) et l’attention au souffle pour se recentrer en soi.
La prière implique tout notre être - corps, âme et esprit - ainsi, un corps détendu aidera à calmer les pensées et à entrer plus facilement en prière. Le docteur Vittoz, médecin chrétien du début du XXème siècle, a développé une méthode psychocorporelle pour favoriser la détente et la concentration. Il peut être très bénéfique de réaliser un court exercice de réceptivité ou de détente avant de rentrer dans un temps de prière.
Enfin, la prière est toujours avant tout un acte d’amour. Il n’y a pas d’idée de performance. Désirer vouloir passer du temps avec Dieu, désirer aller à sa rencontre dans le silence de notre cœur, voilà la plus grande valeur de notre prière même si parfois la prière nous semblera bien aride. Surtout ne pas se décourager et offrir chacun de nos efforts au Seigneur !
Pour commencer, il peut être bon de se laisser guider pour pouvoir vivre le mieux possible ce temps de prière et nourrir ces temps de prières silencieuses. Les méditations audio sont de bons outils pour découvrir ces différentes façons de prier.
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