Hilaire de Poitiers est né vers 310-315 à Poitiers. Issu d’une famille noble et païenne d’Aquitaine, il avait une certaine facilité pour les études grâce à une solide formation littéraire. Cependant, il était préoccupé par le sens de la vie, et par des questions autour du bonheur, de la mort, de la présence ou non d’un Dieu. Un jour, il tombe sur un passage de la Bible « Je suis celui qui est ». Dès lors, son cheminement vers Dieu s’accélère et il sera baptisé vers l’âge de 30 ans en 345. Quelques années plus tard, alors qu’il est père de famille, il deviendra le premier évêque de Poitiers en 353, et sera reconnu comme le premier théologien en France.
Hilaire de Poitiers a pris position contre l’arianisme, une hérésie qui refusait de croire que le Christ a la même substance que le Père. Pour avoir dénoncé cela, Hilaire fut exilé par l’Empereur. Fidèle au Concile de Nicée de 325 qui montra que le Fils est consubstantiel au Père (c’est-à-dire que Père et Fils sont un même Dieu), Hilaire s’affirmera comme un défenseur du dogme trinitaire.
Décédé à Poitiers en 367, il est fêté chaque année par l’Eglise le 13 Janvier. Faisant parti des Pères de l'Église, Saint Hilaire de Poitiers fut élevé au rang de docteur de l'Église en 1851 par Pie IX. Aujourd’hui, il est le patron de la ville de Parme en Italie.
Partons à la rencontre d’Hilaire de Poitiers : découvrons notamment sa vie, son rayonnement, ce qu’il peut nous apporter, ses œuvres, et quelques prières. (Découvrez d'autres figures de sainteté dans le guide des saints d'Hozana.)
En exil en Phrygie, l'actuelle Turquie, Saint Hilaire de Poitiers fût confronté à un milieu dominé par l’arianisme. Ce courant voit en Jésus, le fils de Dieu, une simple créature ou un simple être créé, qui est donc inférieur au Père. C’est dans ce contexte qu’il mit toute son énergie pour combattre cette doctrine hérétique en défendant le « Dogme Trinitaire », à travers son œuvre considérée comme la plus importante « De Trinitate » (Sur la Trinité). Dans cette œuvre, il montre que la Sainte Ecriture atteste que le Père et le Fils partagent la même nature et la même essence, aussi bien dans le Nouveau Testament, que dans l’Ancien Testament. Hilaire développe une théologie trinitaire notamment à partir de la formule « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». De plus, il développe sa pensée à partir du baptême. Dans son ouvrage De Trinitate, il dit par exemple : Jésus « a commandé de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (cf. Mt 28, 19), c'est-à-dire dans la confession de l'Auteur, du Fils unique et du Don. Il n'y a qu'un seul Auteur de toutes les choses, car Dieu le Père est un seul, dont tout procède. Et Notre Seigneur Jésus Christ est un seul, à travers lequel tout fut fait (1 Co 8, 6), et l'Esprit est un seul (Ep 4, 4), don en tous... En rien on ne pourra trouver qu'il manque quelque chose à une plénitude aussi grande, dans laquelle convergent dans le Père, dans le Fils et dans le Saint-Esprit l'immensité de l'Eternel, la révélation dans l'Image, la joie dans le Don » (De Trinitate 2, 1). Dieu le Père, étant entièrement amour, est capable de communiquer en plénitude sa divinité au Fils ».
En combattant l’arianisme et en défendant le Dogme sur la Trinité, Saint Hilaire peut nous apprendre à rester fidèle à tout ce que nous enseigne l’Eglise Catholique, afin de conserver intact le dépôt de la foi.
Cette fidélité, St Hilaire l’a prié : « Je t’en prie, conserve intacte la ferveur de ma foi et jusqu’à mon dernier souffle donne-moi de conformer ma voix à ma conviction profonde. Oui, que je garde toujours ce que j’ai affirmé dans le symbole proclamé lors de ma nouvelle naissance, lorsque j’ai été baptisé dans le Père, le Fils et l’Esprit Saint ! » (Saint Hilaire – Traité de la Trinité III, 57).
Enfin, ayant beaucoup étudié et écrit, Saint Hilaire peut aussi nous donner l’envie d’étudier davantage la Bible et les écrits du Magistère (les Ecrits des Evêques) pour être à notre tour comme lui fidèle et défenseur de notre foi.
Saint Hilaire laisse en héritage plusieurs ouvrages et écrits, comme De Trinitate, son ouvrage le plus important sur la Trinité. Il a aussi commenté l’Evangile de Matthieu, et des psaumes. Enfin, il a écrit plusieurs hymnes, comme celle-ci-dessous :
« Le miséricordieux Rédempteur des peuples, Jésus, brille aujourd'hui d'une triple Splendeur. Que la race entière des fidèles Lui consacre ses louanges et ses cantiques. Une étoile brillante, qui scintille au ciel, annonce sa Naissance ; elle précède les Mages et les conduit à Son berceau. Ils tombent aux pieds de Cet enfant ; ils L'adorent dans les langes, ils Le confessent pour un Dieu, et Lui offrent de mystiques présents. Ayant trente fois parcouru le cycle de l'année, et avancé dans les jours de Sa vie mortelle, Jésus demande l'eau du Baptême, Lui qui est exempt de toute souillure. L'heureux Jean frémit à la pensée de plonger dans le fleuve Celui dont le sang a la vertu d'effacer les péchés du monde. La voix imposante du Père proclame le Fils du haut des cieux, et la vertu de l'Esprit, source des dons sacrés, descend visiblement. Vous dont les ordres tout-puissants font rougir l'eau dans les vases du festin, Ô Christ, nous Vous en supplions, étendez sur nous tous votre Protection. A la souveraine Trinité, louange, honneur, puissance et gloire, à jamais, dans tous les siècles des siècles. Amen. »
« Ô Père, Dieu tout-puissant, J’ai bien conscience que c’est à Toi que je dois consacrer l’occupation principale de ma vie. Que toutes mes paroles et mes pensées s’entretiennent de Toi. Car ce don de la parole que tu m’as accordé ne peut pas me rapporter un plus grand bienfait que celui-ci : te servir par la prédication et montrer qui tu es. Tu es le Père, celui du Fils unique de Dieu. Je dois le montrer soit au monde qui l’ignore, soit à l’hérétique qui le refuse. Ma volonté n’a pas d’autre raison d’être ; du reste, je dois implorer la grâce de ton assistance et de ta miséricorde, pour que tu gonfles du souffle de ton Esprit les voiles déployées pour Toi par notre profession de foi et que tu nous pousses dans cette course de la prédication…Accorde-nous donc le sens exact des mots, la lumière de l’intelligence, la noblesse du langage, l’orthodoxie de la foi ; ce que nous croyons, accorde-nous de l’affirmer aussi. C’est-à-dire, puisque nous connaissons par les prophètes et les Apôtres un seul Dieu, Toi, le Père, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, qu’il nous soit donné aujourd’hui, contre les hérétiques négateurs, de te célébrer comme étant Dieu, mais non un Dieu solitaire, et de prêcher ce Dieu sans commettre d’erreur. Amen. »
« Lorsque j'ai levé vers ton ciel la faible lumière de mes yeux, j'ai cru qu'il ne s'agissait de rien d'autre que de ton ciel. Quand je considère la course des astres et que je constate que chacun accomplit le rôle qui lui est assigné, je reconnais, ô mon Dieu, ta présence en ces astres que mon intelligence ne peut étreindre. Quand je tourne mon esprit vers la terre qui, après avoir reçu les semences, les fait germer, puis vivre et se multiplier, je n'y découvre rien que mon esprit puisse comprendre. Mais mon ignorance m'aide à te contempler, car si je ne connais pas la nature qui est à mon service, je discerne ta bonté, du fait même qu'elle est là pour me servir. C'est donc en ne connaissant pas ce qui m’entoure, que je saisis ce que tu es ; et en percevant ce que tu es, je t'adore. Aussi longtemps que je jouirai du souffle de vie que tu m'as accordé, Père saint, Dieu Tout-Puissant, je te proclamerai Dieu éternel, mais aussi Père éternel. Amen. »