Martin est célèbre dans toute la chrétienté européenne pour avoir partagé son manteau d’officier avec un pauvre, un soir d’hiver. Hongrois d’origine, soldat de l’empire romain par obéissance à son père, il est courageux mais avant tout disciple du Christ. Objecteur de conscience avant la lettre, il se porte comme bouclier humain volontaire face à l’adversaire menaçant : sans raison naturelle, l’armée ennemie tourne casaque et fuit le combat ! Martin quitte l’armée, devient ermite. Bientôt de nombreux disciples le rejoignent à Ligugé : ce sera la première communauté monastique en Gaule. Mais le peuple le réclame pour guide ! Proclamé évêque malgré lui, Martin deviendra le grand évangélisateur des campagnes gauloises.
Ce que l’on sait de saint Martin de Tours provient essentiellement du livre écrit par son disciple, Sulpice Sévère, «Vie de saint Martin» en 397 et qui connut un grand succès au Moyen-Age.
Martin est né en 316 à Savaria, en Pannonie, province romaine qui se trouve en actuelle Hongrie. Né dans une famille païenne, il est le fils d’un tribun militaire de l’armée romaine, à la tête d’une légion de 6000 hommes. Celui-ci nourrit de grandes ambitions pour son fils et le fait intégrer l’armée à quinze ans. Cependant, très tôt, Martin montre le désir de devenir chrétien et consacrer sa vie à Dieu. Un événement décisif a lieu durant l’hiver 338. Alors en garnison à Amiens, Martin rencontre un pauvre dévêtu, n’ayant pas d’argent à lui donner, Martin coupe son manteau et lui en donne la moitié. La nuit suivante, le Christ lui apparaît portant la partie du manteau donnée au pauvre et lui dit : « Martin, encore catéchumène, tu m’as revêtu de ce vêtement ». Bouleversé, Martin est baptisé quelques mois après, durant la veillée pascale, il a 22 ans. Deux ans plus tard, lors d’une bataille contre les Alamans, Martin se voit contraint de sacrifier au culte impérial, il refuse et pour marquer sa décision, il se présente sans armes devant l’ennemi. Miraculeusement, l’armée adverse demande la paix. Lorsqu’il peut enfin quitter l’armée, Martin devient disciple de saint Hilaire de Poitiers et souhaite embrasser la vie religieuse.
A l’âge de 45 ans, Martin fonde, avec saint Hilaire de Poitiers, le premier monastère de Gaule à Ligugé (Poitou). En 371, les habitants de Tours viennent chercher Martin dans son monastère pour faire de lui leur évêque, il a alors 55 ans. Malgré sa charge d’évêque de Tours, Martin reste moine dans l’âme et fonde encore un autre monastère à Marmoutier où il viendra souvent se recueillir. Durant 26 ans, Martin exerce sa charge d’évêque avec une grande charité, il répète son geste d’autrefois en donnant l’un de ses habits sacerdotaux à un pauvre, dans la sacristie de la cathédrale. Parcourant toute la Gaule, Martin évangélise et combat le paganisme. Par de continuels actes d’amour et de miséricorde, il obtient de nombreuses guérisons et amène au christianisme un grand nombre.
Il meurt le 8 novembre 397, prononçant cette ultime parole : « Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas la tâche, que ta volonté soit faite. » A sa mort, les foules accourent de partout autour de son corps qui est ramené à Tours. De nombreux miracles ont lieu auprès de son tombeau qui devient un lieu de pèlerinage privilégié. En 460, une somptueuse basilique fut construite et le culte de saint Martin s’étendit rapidement à toute l’Europe. On trouve des dédicaces à saint Martin en Italie, en Allemagne, en Angleterre et jusqu’en Espagne.
Saint Martin de Tours, aussi appelé saint Martin le miséricordieux, est fêté le 11 novembre. Il est le saint patron des maréchaux-ferrants et de divers métiers de garde publique : policiers, commissaires des armées, soldats, gardes suisses.
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La vie de saint Martin, telle que nous la livre Sulpice Sévère, montre une spiritualité caractérisée par plusieurs aspects :
La charité : le geste mémorable du partage du manteau orienta toute la vie de Martin qui apprit à voir le Christ en chacun et le servir comme on servirait le Christ, « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » dit le Jésus dans l’évangile lu chaque année pour la fête de saint Martin.
L’annonce de la vraie foi : Martin était un prédicateur infatigable, formé par le grand théologien saint Hilaire de Poitier, il n’eut de cesse de rappeler la doctrine et combattre les hérésies, spécialement l’arianisme et le paganisme encore très répandu en Gaule.
La miséricorde : toute sa vie de moine et d’évêque, Martin fit preuve de miséricorde auprès des pauvres, des souffrants, des nécessiteux. Avant tout, il parcourut la Gaule portant la Bonne Nouvelle mais il était aussi habité par la puissance du Christ qui lui faisait opérer de nombreux prodiges : guérir les malades (lépreux, paralysés), expulser les démons, ressusciter les morts. Cette puissance thaumaturgique a continué par l’intercession du saint auprès de sa tombe ou les malades venaient nombreux.
La prière à saint Martin du bienheureux Charles de Foucauld : « Grand saint Martin » :
Grand saint Martin, patron des moines, patron de ceux qui ont aimé jusqu’à l’adoration la pauvreté évangélique, patron de ceux qui ont vu Jésus dans leur prochain et se sont dépouillés de leurs propres vêtements pour l’en couvrir dans ses pauvres ;
Ô bon pasteur, qui avez gardé et soigné et votre troupeau monastique et les ouailles de votre diocèse avec tant d’amour !
Ô grand apôtre qui avez évangélisé tant de provinces et converti à Jésus tant de païens ;
Ô bon soldat qui vous êtes présenté sans armes au premier rang de l’armée un premier jour de bataille pour être fidèle à la loi divine, vous dont j’ai vu à Candes le lieu mortuaire, priez pour moi, protégez-moi, apprenez-moi à pratiquer vos vertus, à imiter Jésus, à aimer le prochain, et à faire dans mon obscurité, dans l’obscurité de Nazareth, ce que vous fîtes avec tant d’éclat : passer sur la terre en faisant le bien, vivre et mourir avec vos derniers mots sur les lèvres et dans le cœur : « Mon Dieu, je soupire après Vous, je voudrais quitter la vie pour Vous être réuni, cependant, si je suis encore utile ici-bas, je ne refuse pas le travail... Mon Dieu, que Votre volonté se fasse».
Ainsi soit-il.
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