« Je vois le ciel ouvert, le ciel ma patrie. Je veux m'y envoler. Je vois mon père et ma mère dans la gloire et la beauté ; je vois mes frères, les hommes de mon pays. Des chœurs d'Anges, portés sur leurs ailes, volent autour de leurs têtes, comme autant d'abeilles dans un champ de fleurs. »
Dernier cantique chanté par saint Hervé, sur son lit de mort.
Saint Hervé est un saint breton du VIème siècle. Aveugle de naissance, il devient ermite et parcourt la Bretagne, accompagné d’un loup. Il a fondé un monastère à Lanhouarneau. Saint Hervé est considéré comme saint guérisseur et est fêté le 17 juin, spécialement en Basse-Bretagne, où se déroule son pardon (forme de pèlerinage, qu’on trouve surtout en Bretagne). Saint Hervé est le patron des bardes et est notamment invoqué contre les maladies des yeux, et des troubles de la vision, pour soulager des angoisses et de la dépression nerveuse, et pour repousser les démons.
Saint Hervé est né vers 520, en Bretagne. Son père, Hyvarnion, est barde et originaire de l’île de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle). Il aurait vécu un moment à la cour du roi franc Childebert. Sa mère, Riwanon, est une bretonne catholique, très pieuse. Hervé naît aveugle. On raconte que c’est sa mère qui aurait formulé la prière que son fils naisse aveugle afin qu’il ne voit pas la perversité et les horreurs du monde. Le père de Hervé meurt lorsqu’il n’est encore qu’un jeune enfant. Sa mère l’élève donc seule, dans l’amour du Christ sur le territoire de Keran. En grandissant, Hervé est éduqué par son oncle, saint Urfold, à Bourg-Blanc, dans le Finistère. Mais il rentre ensuite à Lanhouarneau, au chevet de sa mère mourante. Plus tard, il fonde un ermitage dans ce village et est rejoint par des disciples, désireux de suivre son exemple de vie et sa sainteté. Mais, il finit par repartir pour Bourg-Blanc, où il vit en ermite. Les sources racontent qu’il est constamment accompagné d’un loup, qui le guide.
Il se rend un jour à Saint-Pol-de-Léon, appelé par l’évêque saint Houardon. Ce dernier lui confie les ordres mineurs et le nomme confesseur et exorciste. L’évêque aurait voulu le nommer également abbé ou l’ordonner prêtre mais Hervé est trop humble et ne s’estime pas assez digne pour célébrer la Sainte Eucharistie.
Après cela, il sillonne la Bretagne pour parler du Christ et chanter ses louanges, vivant dans la simplicité et la pauvreté. Il passe ainsi par Plouigneau, Plougonven, par les Monts d’Arrée et par la Cornouaille. Il rentre ensuite au Pays de Léon afin d’y pratiquer un exorcisme sur un comte, dénommé Hélénus.
Il a beaucoup œuvré pour l’éducation des enfants bretons et pour l’accueil des pauvres sur le Menez Bré (montagne des Côtes-d’Armor). Par ailleurs, en tant que fils de barde, il chantait énormément sur les chemins, surtout des psaumes et des cantiques.
Finalement, saint Hervé revient s’établir à Lanhouarneau à la fin de sa vie. Il y rend son âme au Seigneur le 22 juin 566, entouré de ses disciples, Hardian, Gozhuran et de sa nièce, sainte Christine. Saint Pol aurait assisté à ses funérailles. Encore aujourd’hui, ses reliques reposent dans l’église de Lanhouarneau où il avait été inhumé.
Pendant les raids vikings du IXème siècle, sa dépouille avait été mise à l’abri, d’abord dans la chapelle du château de Brest, puis dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes. Son culte s’est très vite répandu dans la région. Ainsi, on retrouve des reliques de saint Hervé dans de nombreuses villes bretonnes (à Rennes, à Lanhouarneau, à Saint-Pol-de-Léon, à Nantes, au Faouët, à Louvigné-du-Désert, à Quimperlé et à Saint-Coulitz).
« Lorsque saint Hervé rendit l’âme, avec moult évêques alentour, Christine était à son chevet, à genoux, tête inclinée. Une alouette fut ouïe qui chantait : Voici la barque qui rentre au port. »
Cantilène bretonne
« Seigneur,
Tu as donné à saint Hervé l’aveugle
Le pouvoir de commander aux forces du mal,
Le désir de chanter ton nom
Et la joie de voir, dès cette terre,
La lumière de ton paradis.
A sa prière, enracine-nous dans ta lumière
Et fait grandir en nous le désir de Te louer. »
« Saint Hervé,
toi qui as vécu dans la lumière divine malgré l'obscurité de ce monde,
Nous te prions d'intercéder pour nous auprès du Seigneur.
Accorde-nous la foi et la force de surmonter les épreuves de la vie,
Et guide-nous sur le chemin de la sainteté et de la paix.
Nous te demandons d'éclairer notre chemin ,
Comme tu as illuminé ceux qui t'ont suivi en Bretagne.
Amen. »
« Jésus, qui vit aux cieux
Et règne près de Dieu,
J'attends ton paradis
Car tu me l'as promis.
J'irai vers ta clarté
ô Christ ressuscité,
Je crois que ton regard
Ne peut me décevoir.
Plus d'ombre, plus de pleurs
Ni larmes, ni douleurs,
Jésus, car près de toi
Tout n'est que paix, que joie !
Qu'à l'heure de ma mort
Ta voix me dise encor :
Ami, dès aujourd'hui
Viens dans mon Paradis. »
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