Humaniste de la Renaissance, grand juriste, diplomate, mais surtout homme d’une grande foi, Thomas More, Lord anglais, est un exemple de piété et de fidélité au Christ pour tout chrétien. Il a été ferme dans ses opinions et n’a pas cédé à la menace royale, il a été exécuté pour cela. Ce grand saint et martyr est fêté le 22 juin.
Saint Thomas More, fils d’un haut magistrat londonien, né le 7 février 1478 à Londres, intègre en 1492 l’université d’Oxford. Deux ans plus tard, il entre en école de droit, il y rencontre Érasme, qui devient son grand ami. À 21 ans, il est inscrit au barreau des avocats. Il enseigne le droit jusqu’en 1510 et devient un grand avocat puis juge, élu par les londoniens. En parallèle de sa carrière juridique, saint Thomas More est membre du Parlement depuis 1504 et entame une brillante carrière politique après l’avènement d’Henri VIII, en 1509, au trône d’Angleterre. Nommé maître des requêtes par le Roi, puis membre de son Conseil privé, Thomas est envoyé en missions diplomatiques et commerciales aux Pays-Bas (où il rédige L’Utopie), puis à Calais. Le Roi lui octroie ensuite la charge de trésorier de la Couronne, puis celle de speaker du Parlement, contre son gré. Il devient, en 1525, Chancelier du Royaume, après la disgrâce du cardinal Wolsey. Il est le premier laïc nommé à ce poste.
Saint Thomas avait déjà commencé à réfuter les thèses luthériennes, notamment en rédigeant de nombreux ouvrages entre 1528 et 1533 ; mais une fois Chancelier il fait emprisonner quarante personnes adeptes des idées de Luther. Il les condamne à être brûlés vifs à Smithfield ; cinq autres condamnations suivirent. Très engagé dans la foi catholique et très pieux il ne pouvait supporter la montée de la pensée de Luther, tout comme les dérives conjugales du Roi anglais.
Lorsque Henri VIII rompt avec Rome, après le refus du pape Clément VII d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon, au profit d’Anne Boleyn, Thomas More ne le soutient pas. Il refuse même de signer une lettre écrite par les dirigeants religieux et les aristocrates anglais exhortant le pape d’accepter l’annulation. Il présente alors au Roi sa démission, sans succès. Il a même été obligé de prêter serment, déclarant ainsi le Roi Chef suprême de l’Église d’Angleterre. Il obtient, en 1532, du Roi d’être relevé de ses fonctions, prétextant une maladie.
Le fossé se creuse entre le souverain et le futur saint lorsque Thomas refuse d’assister au couronnement d’Anne Boleyn le 1er juin 1533. Il avait reconnu la royauté d’Anne dans une lettre adressée au Roi mais sa grande amitié avec l’ancienne reine, Catherine d’Aragon, est interprétée comme une insulte envers la nouvelle. Enfin, le 13 avril 1533, Thomas More est convoqué devant une commission afin de jurer allégeance à l’Acte de succession du Parlement. Il s’y rend, reconnaît le droit du Parlement à déclarer Anne légitime reine d’Angleterre, mais refuse de prêter serment à cause d’une préface accordant au Parlement l’autorité en matière religieuse, niant donc qu’elle incombe au pape. Le 11 juillet 1533 Henri VIII est excommunié par Clément VII, ce qui lui interdit l’accès aux sacrements de l’Église catholique. En réponse, le roi signe en 1534 l’Acte de Suprématie, dans lequel il rompt définitivement avec le Saint-Siège et l’Église catholique et s'affranchit de l’autorité pontificale.
Cela marque la fin de l’entente entre le souverain et Thomas More. Ce dernier, fidèle à ses engagements religieux, refuse de prêter allégeance au nouveau chef de l’Église anglicane. Accusé de trahison, il est emprisonné à la tour de Londres où il écrit son Dialogue du réconfort dans les tribulations. Thomas More est jugé le 1er juillet 1535, déclaré coupable et condamné à la décapitation (il avait été condamné à être pendu, éviscéré et écartelé en premier lieu mais le roi avait commué sa sentence). Il a été exécuté le 6 juillet, en même temps que l’archevêque de Rochester, Jean Fischer, condamné pour les mêmes raisons. Leurs têtes ont été exposées pendant un mois sur le London Bridge. Son corps a été enterré à la tour de Londres, dans une tombe anonyme de la Chapelle royale de Saint-Pierre-aux-Liens.
Il a été béatifié en 1886 par le pape Léon XIII et canonisé en 1935 par le pape Pie XI. En 2000 le pape saint Jean-Paul II le déclare saint patron des hommes politiques.
“Dieu tout-puissant, écarte de moi toute préoccupation de vanité, tout désir d'être loué,
tout sentiment d'envie, de gourmandise, de paresse, de luxure, tout mouvement de colère,
tout appétit de vengeance, tout penchant à souhaiter du mal à autrui ou à m'en réjouir,
tout plaisir à provoquer la colère, toute satisfaction que je pourrais éprouver à admonester qui que ce soit dans son affliction et son malheur.
Rends-moi, Seigneur bon, humble et effacé, calme et paisible, charitable et bienveillant, tendre et compatissant.
Qu'il y ait dans toutes mes actions, dans toutes mes paroles et dans toutes mes pensées, un goût de ton Esprit saint et béni.
Accorde-moi, Seigneur bon, une foi pleine, une ferme espérance et une charité fervente ;
un amour pour toi, Seigneur bon, qui dépasse incomparablement mon amour pour moi-même ;
aide-moi à n'aimer rien contre ton gré, mais toutes choses en fonction de toi...
Chasse de moi, Seigneur bon, cette tiédeur que j'éprouve dans la méditation, et mon manque de goût à te prier.
Accorde-moi d'être rempli de chaleur, joyeux et vibrant, lorsque je pense à toi.
Fais-moi la grâce de désirer tes sacrements avec ardeur, et de prendre joie à ta présence dans le Saint Sacrement de l'autel.
Seigneur bon, fais de nous tous, chaque jour, des membres vivants de ton Corps mystique, ton Eglise.”
Cette prière de Thomas More a été composée entre sa condamnation, le 1er juillet 1535 et son exécution à la Tour de Londres le 6 juillet 1535.
« Donne-moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer. Donne-moi la santé du corps avec le sens de la garder au mieux. Donne-moi une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la pureté, afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais sache redresser la situation. Donne-moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir. Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle « moi ». Seigneur, donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres. Amen. »
« Donne-moi ta grâce, Seigneur bon,
De garder en mémoire les fins dernières ;
De ne pas traiter la mort en étrangère ;
D’envisager et considérer le feu éternel de l’enfer ;
De prier pour mon pardon avant que ne vienne le Juge ;
D’avoir continuellement à l’esprit
la passion que le Christ souffrit pour moi ;
De racheter le temps que j’ai perdu jadis ;
D’éviter gaieté facile et folle joyeuseté ;
De couper court aux récréations superflues ;
De tenir mes plus grands ennemis pour mes meilleurs amis. »
Dernière partie d’une prière écrite dans les marges de son livre d’heures
En traduction française
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