Philosophe humaniste du XXe siècle, engagée dans les grands combats de son époque Simone Weil (1909-1943) cherchait Dieu avec exigence. Elle se démarque par son acharnement à vivre en conformité absolue avec ses principes. Simone Weil meurt à l’âge de 34 ans après avoir laissé un riche héritage philosophique et un témoignage de foi. Découvrez l’histoire de cette femme attachante, qui, si elle n'est pas déclarée sainte, est à la fois militante, philosophe et mystique.
Simone Weil naît le 3 février 1909 dans une famille bourgeoise juive agnostique. Son père est médecin et nourrit un grand amour de la culture française. Sa mère est très attentionnée. Elle et son frère aîné sont des enfants hors du commun, aux intelligences très vives, son frère André deviendra un grand mathématicien. Simone Weil a son bac jeune et poursuit ses études supérieures au prestigieux lycée Henri IV ou elle a pour professeur le philosophe Alain qui va l’influencer de manière significative. En 1928, elle intègre l’Ecole Normale Supérieure d’Ulm, une fois agrégée de philosophie, elle enseigne au lycée. Parallèlement, elle s’engage dans la politique syndicale et rencontre Trotsky et Souvarine. Simone Weil demeure méfiante face à l’appareil syndical et politique et critique vis-à-vis de l’URSS.
Simone Weil a toujours eu un profond souci des plus pauvres et des opprimés, à l’image de saint François d’Assise. Elle partage avec Edith Stein cette sensibilité au malheur et à la souffrance et cette attirance pour la “Croix”.
Souhaitant mieux comprendre la condition ouvrière, elle s’engage en tant que manœuvre chez Alsthom et Renault. Simone raconte son expérience dans La Condition ouvrière, paru en 1951.
Durant la guerre d’Espagne, elle s’engage aux côtés des républicains mais suite à un accident elle est contrainte de rentrer. En 1938, lors de la Semaine Sainte à l'abbaye de Solesmes, elle fait l'expérience du surnaturel, puis, poursuivant sa quête religieuse, Simone participe à un pèlerinage à Assise. C’est là que, dans une chapelle, elle fait une expérience de surnaturel : “Quelque chose de plus fort que moi m’a obligée, pour la première fois de ma vie, à me mettre à genoux”. Elle se lie d’amitié avec le père Joseph-Marie Perrin qui lui propose le baptême, cependant Simone Weil refuse et explique qu’elle se sent appelée à rester en dehors de l’Église catholique : “Bien entendu, je savais très bien que ma conception de la vie était chrétienne. C’est pourquoi il ne m’est jamais venu à l’esprit que je pourrais entrer dans le christianisme. J’avais l’impression d’être née à l’intérieur.” Elle décrit sa relation au Christ comme étant “de personne à personne”.
Durant l'occupation, elle est contrainte de quitter la France pour s’exiler aux Etats-Unis. En 1942, elle rejoint Londres pour être aux côtés du général de Gaulle et de la France libre. De santé fragile, elle meurt de tuberculose à l’âge de 34 ans au sanatorium d’Ashford le 24 août 1943.
Une vingtaine d'années plus tard, une autre philosophe, Hannah Arendt, va consacrer de puissantes réflexions au travail, à son histoire, à la place qu’il occupe et devrait occuper.
Simone Weil écrit ce Journal durant l’année qu’elle considère comme la plus décisive de sa vie, alors qu’elle travaille à l'usine, cet ouvrage retrace son bouleversement physique et intellectuel.
Ici, Simone Weil aborde une quinzaine de thèmes fondamentaux constituant les besoins de l’âme.
Écrit en 1943, depuis Londres ou Simone à rejoint le commissariat à l'Intérieur de la France combattante, ce texte est la dernière œuvre de Simone Weil. Son écriture est brutalement interrompue par sa mort précoce quelques mois plus tard. Voici les mots d’Albert Camus, qui l'édita pour la première fois en 1949, ce livre « d'une audace parfois terrible, impitoyable et en même temps admirablement mesuré, d'un christianisme authentique et très pur, est une leçon souvent amère, mais d'une rare élévation de pensée ».
Attente de Dieu est le titre que donna en 1949 le père Joseph-Marie Perrin aux textes que Simone Weil lui avait adressés avant son départ de France. Ce texte constitue en quelque sorte le testament spirituel de Simone Weil.
Il s’agit d’une lettre écrite au Père Perrin avec qui Simone Weil dialoguait sur sa foi, sa relation avec l'Église catholique, sa décision de demander ou non le baptême, etc.
Ce texte présente un cheminement vers la paix intérieure.
Adressée au père dominicain Couturier, cette lettre présente les questionnements et les réserves qui accompagnent la quête spirituelle de Simone Weil et sa conversion au christianisme.
“Parmi les êtres humains, on ne reconnaît pleinement l’existence que de ceux qu’on aime.”
“Le travail physique consenti est, après la mort consentie, la forme la plus parfaite de la vertu d'obéissance.”
“L’amitié ne se recherche pas, ne se rêve pas, ne se désire pas ; elle s’exerce (c’est une vertu).”
“L'attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité. Il est donné à très peu d'esprits de découvrir que les êtres et les choses existent.”
“On pense aujourd’hui à la révolution, non comme à une solution des problèmes posés par l’actualité, mais comme à un miracle dispensant de résoudre les problèmes.”
“Faire le mal, c'est transférer aux autres la dégradation que nous portons en nous-mêmes.”
“Quand on a péché par injustice, il ne suffit pas de souffrir justement, il faut souffrir l'injustice.”
Il restera de toi ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
Ce que tu as donné, en d’autres fleurira.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils,
Ce que tu as souffert, en d’autres revivra.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton cœur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur
Ce que tu as semé, en d’autres germera.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Le Notre Père était la rencontre quotidienne de Simone Weil avec le Christ, elle s’était imposé de la réciter chaque matin avec une attention parfaitement pure. Elle écrit un commentaire intitulé “À propos du Pater”, reprenant ligne par ligne la prière à partir d’une traduction directe du grec.