Du grec ancien “apophtegma” (sentence, précepte), les apophtegmes sont des paroles sous formes de brefs dialogues ou de récits courts qui visent à éclairer l’âme et l’esprit humain afin de les faire grandir spirituellement. Ce sont souvent des paroles courtes, qui se retiennent facilement et sont chargées de sens. Elles étaient prononcées oralement par des maîtres parmi les Pères du désert, moines et ermites du désert du IVè et Vè siècle.
La tradition était qu’un disciple nouvellement arrivé auprès d’un maître se mette à son écoute pour recueillir la doctrine authentique et être à l’écoute du silence que ce dernier avait éprouvées au désert depuis de longues années. C’est ainsi que le jeune disciple apprenait à se libérer des égoïsmes et à discerner les esprits. Ce sont ces paroles que l’on appelle “apophtegmes”.
Ces paroles ont été peu à peu compilées et fixées par écrit dans des recueils, au Vè siècle. La plupart des apophtegmes sont anonymes mais certains sont attribués à Antoine le Grand, Jean Cassien, Athanase d’Alexandrie, Grégoire de Naziance, Paul de Thèbes, Evagre le Pontique. Ils étaient classés dans les recueils par thématique ou par auteur. Ces écrits se différencient nettement de ceux des Pères de l’Eglise, qui eux, ont laissé des écrits beaucoup plus importants.
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“Du prochain vient la vie ou la mort. En effet, si nous gagnons notre frère, nous gagnons Dieu ; mais si nous scandalisons notre frère, nous péchons contre le Christ.” (Antoine le Grand)
Un père dit à un frère : “Comment vas-tu ?” L'autre répondit : “Je perds les journées, Père.” Et l'ancien dit : “Même si moi, je perds une journée, je rends grâce.” (Père Sisoès)
Un frère vint chez Père Poemen et lui dit : “Abba, j'ai beaucoup de pensées, et elles me mettent en péril.” L'ancien l'entraîna en plein air et lui dit : “Gonfle ta poitrine et enfermes-y les vents.” Il répondit : “Je ne peux pas faire cela.” Alors l'ancien lui dit : “Si tu ne peux faire cela, tu ne peux non plus empêcher les pensées de venir ; mais il t'appartient de leur résister.”
Père Antoine dit : “Moi, je ne crains plus Dieu, mais je l’aime, car l’amour chasse la crainte.”
Quelqu’un demanda à père Antoine : “Que dois-je observer pour plaire à Dieu?”. L’ancien répondit : “Observe ce que je vais te prescrire : où que tu ailles, aie toujours Dieu devant les yeux ; dans tes actions, aie l’approbation des saintes écritures ; et en quelque lieu que tu demeures, n’en bouge pas facilement. Observes ces trois choses et tu seras sauvé”.
Le père Evagre raconte: “Un moine répondit au messager lui annonçant la mort de son père : “Cesse de blasphémer, mon Père est immortel””.
L’abbé Sisoès a dit : “Sois compté pour rien, rejette ta volonté derrière toi, reste sans préoccupations, et tu auras le repos”.
L’abbé Evagre dit : “Arrache de ton coeur les affections multiples, pour que ton esprit ne s’agite pas et ne trouble pas ta vie d’Hesychia” (Hesychia signifie paix intérieure)
Sainte Synclétique a dit : “Beaucoup de ceux qui étaient sur la montagne ont péri, car leurs actions étaient celles du monde. Mieux vaut vivre avec beaucoup et mener en esprit la vie solitaire que d’être seul et de vivre de coeur avec la foule”.
L’abbé Macaire a dit : “si tu te fâches en reprenant quelqu’un, tu satisfais ta propre passion. Tu ne dois pas te perdre pour sauver ton prochain”.
On raconte que notre mère Sara fut violemment attaquée pendant treize ans par le démon de l’impureté, et jamais dans sa prière elle ne demanda d’être délivrée de ce combat. Elle disait seulement : “Seigneur, donne moi la force!”
On raconte encore à son sujet : un jour, ce même démon de l’impureté l’attaqua avec plus d’acharnement que jamais, et lui suggéra la pensée des vanités de ce monde. Mais elle, non moins attachée à la crainte de Dieu et à ses résolutions d’ascèse, se mit à monter sur la terrasse pour prier. Alors le démon impur se rendit visible et lui dit : “Tu m’as vaincu, Sara!”. “Non, je te t'ai pas vaincu, c’est le Christ mon Seigneur”.
Les frères demandent à abba Agathon : "Parmi toutes les bonnes actions, quelle est celle qui demande le plus d'efforts ?". Il répond : "Excusez-moi, mais je crois que c'est la prière. Oui, chaque fois que tu veux prier, tes ennemis veulent t'empêcher de le faire. En effet, ils le savent : pour arrêter ta marche vers Dieu, il n'y a qu'un moyen : te détourner de la prière ! Quand tu commences quelque chose de bien, n'importe quoi, si tu continues avec courage, tu trouveras le repos. Mais pour la prière, tu dois combattre tes ennemis jusqu'à la mort".
Abba Agathon dit : " Si je pouvais trouver un lépreux à qui donner mon corps pour prendre le sien, je serais content, car telle est la charité parfaite".
On a dit d'abba Arsène que toute sa vie, assis à son travail manuel, il avait un linge sur lui à cause des larmes qui coulaient de ses yeux. Abba Poémen, ayant appris qu'il était mort, dit en pleurant : "Bienheureux es-tu, abba Arsène, d'avoir pleuré sur toi-même en ce monde ! Car celui qui ne pleure pas sur lui-même ici-bas, pleurera éternellement. Ainsi, soit ici-bas, de plein gré, soit là-bas dans les tourments, il est impossible de ne pas pleurer".
Abba Arsène dit : " Si nous cherchons Dieu, il se manifestera à nous ; et si nous le retenons, il demeurera près de nous".
L'abba Évagre dit : "Quand une pensée ennemie monte dans ton cœur, ne cherche pas à prier d'une manière ou de l'autre, mais aiguise l'épée des larmes".
Pour retrouver l’esprit de l’époque des Pères du désert, priez cette neuvaine pour l’unité des deux poumons de l’Église.
A l’image des pères du désert, priez pour trouver la paix intérieure avec cette neuvaine, inspirée par St François d’Assise, ou encore pour mieux gérer vos émotions
Vous pouvez également cultiver avec Saint Augustin votre désir de DIeu ou cheminer avec Saint Irénée de Lyon.